
Tour à Feu
Avant l'électricité
Depuis l'antiquité, les hommes ont toujours voulu communiquer, mais l'absence de technologie les a contraint à utiliser des systèmes visuels (l'empire romain utilisera des tours à feu, la Grèce antique,elle, des flambeaux), des animaux (développement de la colombophilie au moyen-orient), la musique (cor de rolland, fanfare sur les champs de batailles).
Au XVIIIe siècle il faut 28 jours pour qu'une dépeche arrive de Paris à Lyon par la dilligence. Il faut attendre l'année 1793 pour que la convention autorise Claude Chappe à exploiter son télégraphe optique (invention qui va perdurer en Afrique du nord jusqu'à la moitié du XVIIIe siècle). C'est grâce à ce système que la convention apprendra la prise de Laudrencie en 1794. Pour aller de Paris à Lille, un message de 25 mots met environ 15 minutes pour parcourir la distance de Paris à Lille. En 1801, c'est aussi la création du réseau des sémaphores le long des côtes de France.
Manipulateur Morse de la tour Eiffel
Le développement des réseaux de communication en France (1837-1914)
Depuis le traité de Vienne en 1815, la France est devenue une terre d'accueil de nombreux groupuscules aux idées révolutionnaires. La presse qui relait ces idées politiques est devenue omniprésente dans la vie publique. Les régimes politiques se succèdent au gré des révolutions. Cette instabilité a des conséquences qui se répercuteront sur le développement des communications, sur lesquelles le gouvernement veut conserver la mainmise. Ce sera le cas en 1837 avec une loi qui établit le monopole de la puissance publique sur le réseau télégraphique.
Or cette période est essentielle dans le développement des communications, le télégraphe électrique est né en Grande-Bretagne d'une initiative privée qui s'adresse aux compagnies de chemin de fer. En France, Charles Bourseul pose en 1854 le principe de la transmission électrique de la parole, qui deviendra plus tard le téléphone, et dont Alexander Graham Bell sera considéré comme l'un des inventeurs. Les inventions sont nombreuses, Paul Nipkow depose en 1884 le premier brevet relatif à la télévision, Samuel morse développe un code et une télégraphe électrique qui porte son nom, Emile Baudot, ingénieur, invente un code utilisé par les téléscripteurs. Les premiers câbles transatlantiques permettent les communications télégraphiques.
La guerre de Crimée (1854-1856) va sonner le glas du télégraphe aérien sous le feu de l'ennemi, puisque le télégraphe éléctrique est utilisé pour la première fois à des fins militaires mais aussi par les journalistes correspondants de guerre qui insistent sur les horreurs de la guerre.

Le Général Louis Simon
Les transmissions deviennent militaires (1870-1914).
Entre 1870 et 1900 la télégraphie militaire va faire l’objet d’une constante évolution pour arriver à la loi du 24 juillet 1900 qui rend à l’armée de terre la responsabilité du service télégraphique de première ligne.
Le 24e bataillon du 5e régiment de Génie est ainsi crée avec à sa tête le commandant Louis Simon, le 1er janvier 1913 il devient le 8e régiment du Génie. C’est la première unité de sapeurs télégraphistes.
La campagne du Maroc de 1907 va propulser la télégraphie sans fil et l’asseoir comme moyen militaire moderne de communication.
Le téléphone est considéré comme un gadget pour personne fortunée. En 1890, la France compte 10 000 abonnés, en 1908 environ 182 000 contre 838 000 en Allemagne et 574 000 en Grande Bretagne.
La recherche est mondiale, elle porte principalement sur l’onde magnétique. Des scientifiques comme Eugène Ducretet, Edouard Branly, Alexandre Popoff font déjà références.
Guglielmo Marconi parcourt l’Europe entière avec son assemblage de génie, une bobine de Ruhmkorff comme émetteur et un récepteur Ducretet complété avec un cohéreur de Branly pour vanter la télégraphie sans fil.
Gustave Ferrié met en application des théories André Blondel sur la répartition de l’énergie rayonnée par l’antenne. Brenot, réalise les premiers essais de radiogoniométrie sur le vapeur « Léonce Raynaud » en utilisant un cadre d’antenne triangulaire réalisé d’après les études de Blondel. Avec le développement de l’aviation c’est le temps des premières recherches sur la possibilité d’installer des postes de TSF à bord des dirigeables ou dans des aéroplanes.

Pigeon équipé du système photographique mis au point par le docteur Julius Neubraunner
La colombophilie
L’histoire des oiseaux messagers est aussi ancienne que les hommes. L’antiquité y fait référence avec l’arche de Noé, plus près de nous Charlemagne instaure le droit du colombier, mais il faut attendre le XIXe siècle et la révolution industrielle pour voir s’accroitre leur utilisation. L’essort des chemins de fer va permettre leur transport en dehors de son pigeonnier. L’utilisation est avant tout un loisir sportif pratiqué dans le nord de l’Europe et il faut attendre 1870 et le siège de Paris pourvoir une utilisation militaire. L’invention de la microphotographie va leur permettre de transporter plus d’informations.
Le premier déploiement du service de colombophilie militaire Français va se faire au Maroc, où le général Lyautey communique par ce biais avec les postes de commandement et les colonnes mobiles. Il faut attendre la 1ère Guerre mondiale pour une utilisation intensive des pigeons auquel de nombreux actes d’héroïsmes sont attribués. (Vaillant le pigeon n°78715 du colombier de Verdun, cité à l’ordre de la Nation).
L’invention du docteur Julius Neubraunner a failli consacrer le pigeon comme premier drone humain. Durant la seconde guerre mondiale, les pigeons vont être employés surtout par la résistance. A ce jour en Europe,seule la France dispose encore d’un colombier militaire.
Aujourd’hui la colombophile a retrouvé son caractère sportif et l’éducation des pigeons reste toujours basée sur la fidélité conjugale.
Sapeurs déroulant des cables
La Première Guerre mondiale
Depuis la fin du XIXème siècle, en plus de la télégraphie filaire, de nouveaux moyens de communication se mettent en place. A la veille du conflit le téléphone et la télégraphie sans fil (TSF) ont dépassé le stade de l’expérimentation, ces techniques ne sont pas encore pleinement exploitées. Le 28 juin 1914 c’est l’assassinat de l’archiduc Ferdinand d’Autriche. En août 1914, l’effectif du 8e régiment du Génie est de 7000 hommes à la fin de la guerre il sera de 55000 hommes. Entre 1914 et 1918 c’est le passage à l’économie de guerre. Les états-majors ont compris l’importance des transmissions et y consacrent des moyens significatifs. Le général Ferrié, nommé directeur technique de la télégraphie militaire, réunit une équipe de savants et de techniciens capable de perfectionner les transmissions. C’est la création de la lampe TM. Les industriels standardisent leur production, la recherche va permettre de développer la radio phonique.
Si au début de la guerre les messages allemands sont pour partie diffusés en clair, les services du chiffre vont s’atteler à casser les codes ennemis ( Georges Painvin) afin d’avoir une vue anticipée des plans allemands (Bataille de la Marne). Sur le front, la guerre électronique fait ses premiers pas, en 1915 la radiogoniométrie, invention de Bellini en 1907, devient opérationnelle, les postes d’écoute installés au plus près des lignes ennemies permettent d’écouter les transmissions ennemies.
Le sacrifice des sapeurs télégraphiste durant la Grande Guerre est inscrit dans les plis du drapeau du 8e régiment de transmissions, héritier du 8e régiment de Génie avec les inscriptions : Flandres 1915-verdun 1916-La Somme 1916-La Malmaison 1916.

Inauguration de la station de la tour Eiffel par Sacha Guitry, Yvonne Printemps et le général Ferrié le 6 février 1922
L'entre-deux-guerres
Les traités de paix de 1919-1920 aboutissent à un bouleversement de la carte de l'Europe, basés sur le principe des nationalités. Ils ne parviennent pas à concilier les différentes conceptions de la paix.
A la fin de la Grande Guerre, les télécommunications ne se limitent plus qu’au télégraphe et au téléphone. La télégraphie sans fil n’émet plus uniquement une alternance de sons mais maintenant des voix. Les recherches portent sur la radiotéléphonie et sur la radiodiffusion et c’est grâce à cette dernière que les télécommunications connaissent un développement sensible dans le monde civil. La radio devient le moteur de l’industrie électronique. En France, les pouvoirs publics créent des radios d’Etat et des radios privées, le plan Férrié vise au développement des réseaux de diffusion. Le développement du téléphone est freiné pour des raisons budgétaires.
Au début des années 1920 les travaux de Nipkow sur la télévision commencent à être exploités. La recherche est mondiale, Wladimir Zworkin travaille sur la caméra électronique. Le milieu des années 1930 voit les premières transmissions de télévision.
La radio devient un nouveau média dont s’empare le monde politique. Herbert Hoover l’utilise pour la campagne présidentielle américaine, l’Allemagne nazie va l’utiliser comme moyen de propagande.
La montée en puissance du nazisme en Europe conduit les états à se réarmer et à travailler sur l'utilisation des ondes radio réfléchies pour la détection et le positionnement de cibles qui prendra pendant la Seconde Guerre mondiale le nom de radar…

Affiche de propagande pour intégrer le corps féminin des transmissions
La Seconde Guerre mondiale
Pour ce qui concerne les transmissions, la Seconde Guerre mondiale va être, une véritable guerre des ondes. Outil de propagande, la radio va servir à galvaniser l'ensemble des belligérants. Véritable cordon ombilical entre la résistance et la Grande-Bretagne, la radio va être le théâtre d'un affrontement entre les services du contre-espionnage allemand et les différents réseaux. Le tribut payé par l'armée des ombres sera important ( Honoré d'Estienne d'Orves, Bernard Anquetil, Robert Keller....).
Le 1er juin 1942, les transmissions deviennent une arme distincte dans l'armée d'armistice et cesse d'être rattaché au génie.
Tout au long de la guerre, les transmissions militaires vont jouer un rôle prépondérant que ce soit dans l'armée d'armistice ou dans l'armée de libération.
- Au sein de l'armée d'armistice, il convient de citer : Marien Leschi au sein du centre radio électrique de la ferme de la Rapine à 40 km de Vichy, du commandant Paul Labat pour la mise sur pied d'une structure qui va couvrir les activités clandestines : le corps spécial temporaire des transmissions de l'Etat, la reconstitution de l'école supérieure d'électricité du commandant Gabriel Romon pour l'interception des réseaux radio de la Gestapo en Europe, le commandement des transmissions de l'Armée Secrète méritent d'être signalés.
- L'armée de libération qui, sous l'impulsion du général Brygoo, va créer le corps féminin des Transmissions (les Merlinettes) qui va s'imposer dans les centraux téléphoniques d'Afrique du Nord, de Corse, au sein du corps expéditionnaire français en Italie, de la 1e Armée Française à la libération, dans les rangs de la résistance où plusieurs d'entre-elles vont mourir en déportation ou à Ravensbrück ou comme, Elisabeth Torlet, être fusillée par l'armée Allemande.
Ce conflit est aussi l'occasion de voir se mettre en place de nouvelles technologies dans le domaine de la guerre électronique avec le radar. La guerre des codes, notamment lors de la bataille de l'Atlantique, et le duel que vont se mener Betchley Park et la Kriegsmarine, pour le décodage des messages Enigma.
Cette guerre fait marquer le pas à la recherche sur la télévision, mais entre 1942 et 1944, l'armée Allemande va utiliser les infrastructures françaises de diffusion pour la mise en place de Fernsehsender Paris, chaine destinée aux militaires blessés et diffusées dans les hopitaux parisiens.

John Bardeen, William Shockley et Walter Brattain inventent le transistor (23 décembre 1947)
L'avènement des mass média grâce au transistor et aux faisceaux hertziens (1946-1968).
La Seconde Guerre mondiale a pris fin le 2 septembre 1945 avec la capitulation du Japon sur le pont du cuirassé U.S.S.Missouri, le 2 septembre 1945. Ce conflit laisse une partie du monde à reconstruire. Il pose les prémices de la guerre froide qui va opposer le bloc de l'Ouest et le bloc de l'Est. Le 23 décembre 1947 trois américains vont révolutionner le monde de l'électronique avec l'invention du transistor. Alors que la France dispose d'un excellent outil de diffusion des images laissé par les allemands, les différents gouvernements de la IVe République ne vont pas donner la priorité au développement de la télévision (priorités écomomiques autres, mise en place d'une autorité de régulation, pas de cadre technique pour l'exploitation du réseau..). L'emploi des faisceaux hertziens se généralise dès les années 1950. En 1969, le réseau hertzien de l'O.R.T.F. comptera 7000 kilomètres de liaison. L'utilisation de ces systèmes va aussi impacter les armées lors des conflits liés à la décolonisation puisque les transmissions radioélectriques vont devenir la règle.

L'essor des médias en France les liens avec l'armée et le pouvoir (1958-1970)
Au début des années soixante la radio reste et restera jusque dans les années soixante-dix le moyen de communication le plus répandu. Si les années cinquante ont concrétisé l'Eurovision, les années soixante vont, elles, concrétiser la mondovision et permettre la diffusion d'image dans le monde entier grace au satellite Telstar. En France, l'Etat a instauré un monopole d'Etat sur les médias. Le ministère de l'information assure la tutelle des grands organismes de communications radiophoniques et télévisuels. Le pouvoir politique aura toujours une méfiance vis-à-vis de la télévision, la crise de mai 68 a concrétisé l'usage du transistor, 200000 seront vendus à cette période, le général de Gaulle annoncera par ce biais la dissolution de l'Assemblée Nationale et de la tenue de nouvelles élections législatives.
Cette periode est aussi celle où la Guerre Froide atteint son paroxysme (Cuba 1962), la France s'est dotée de l'arme nucléaire au début des années soixante, 1964 voit la permanence de la dissuasion nucléaire Française le général de Gaulle décide de quitter l'OTAN en 1966. C'est la création du PC GYPSE à la base de Taverny qui doit servir d'abri au gouvernement Français en cas d'attaque nucléaire.